Le dernier indice de bonheur des marins (SHI) publié par The Mission to Seafarers révèle une baisse significative du bien-être des marins, ce qui soulève des inquiétudes quant à la détérioration des conditions de travail et de vie en mer après une période d’amélioration encourageante au début de l’année. Le niveau moyen de bonheur des marins est tombé à 7,05 sur 10 au troisième trimestre 2025, soit une forte baisse par rapport à 7,54 au trimestre précédent.
Ces résultats marquent une baisse généralisée dans presque tous les aspects de la vie en mer, seule la connectivité numérique affichant une amélioration, et un renversement de la dynamique positive observée au milieu de l’année 2025. Les données montrent une détérioration dans des domaines clés tels que les salaires, la santé, la formation, la qualité de l’alimentation et la gestion de la charge de travail. Selon les résultats, ce recul reflète des défis systémiques qui continuent de nuire au moral, à la sécurité et à la rétention du personnel dans l’ensemble de la flotte mondiale.
Le développement professionnel a enregistré la baisse la plus forte, ce qui indique une insatisfaction croissante à l’égard de la formation axée sur la conformité qui remplace souvent le véritable mentorat et le transfert de compétences. Les salaires, la santé et l’exercice physique, ainsi que la gestion de la charge de travail ont également fortement baissé, tandis que la qualité de la nourriture et les installations de bien-être à terre ont diminué en raison des pressions sur les coûts et de l’accès limité.
Les interactions entre les membres d’équipage, qui ont toujours été le domaine le plus résistant et le mieux noté, se sont également affaiblies, ce qui suggère que les pressions cumulées du travail maritime affectent désormais même les liens les plus solides à bord.
Ben Bailey, directeur de programme à The Mission to Seafarers, a déclaré : « Ces résultats constituent un signal d’alarme clair. Les marins nous signalent que les pressions opérationnelles croissantes, les charges administratives de plus en plus lourdes et les pénuries persistantes de personnel navigant ont de graves répercussions sur leur bien-être à travers le monde. Il s’agit d’un problème auquel l’ensemble du secteur doit s’attaquer. Les marins ont besoin de notre compassion, de notre soutien et de notre défense. Sans mesures significatives, le secteur maritime risque d’aggraver sa crise de recrutement et de rétention, avec des conséquences considérables pour la sécurité, la durabilité et la stabilité du commerce mondial. »
Le seul indicateur positif était une augmentation modeste, mais bienvenue de la connectivité numérique. Les marins ont constamment souligné que l’accès à une connexion Internet fiable restait essentiel pour maintenir les relations familiales et préserver la santé mentale. Cependant, de nombreux répondants ont signalé des disparités importantes entre les navires, certains équipages bénéficiant de connexions solides tandis que d’autres continuaient à faire face à des coûts élevés et à des données limitées.
Les marins signalent que les effectifs sont insuffisants, que les tâches administratives ont considérablement augmenté et que la gestion de la fatigue reste un problème majeur non résolu. De nombreux répondants ont déclaré se sentir poussés au-delà des limites supportables, les violations des heures de repos étant apparemment monnaie courante et les exigences en matière de documentation prenant le pas sur les pratiques de sécurité réelles. Certains ont comparé leurs navires à des « prisons flottantes », les possibilités de permission à terre continuant de diminuer en raison de la réduction des escales dans les ports, des réglementations restrictives et des coûts de transport prohibitifs.
Les pressions économiques ont également des répercussions négatives. Les marins ont fait état de salaires stagnants qui ne reflètent pas l’augmentation de leurs responsabilités et l’inflation, tandis que les budgets consacrés à l’avitaillement n’ont pas suivi la hausse des prix des denrées alimentaires. Les commentaires selon lesquels la nourriture est « trop abondante, mais pas savoureuse » traduisent la frustration des équipages qui recherchent à la fois la nourriture et le réconfort dans l’un des rares plaisirs disponibles en mer. Par ailleurs, la forte baisse des notes attribuées à la santé et à l’exercice physique suggère que les exigences opérationnelles laissent peu de temps pour le repos ou l’activité physique, beaucoup de marins faisant état d’une fatigue chronique et d’un stress croissant.
Malgré ces difficultés, l’indice a également mis en évidence la résilience durable des personnes qui travaillent en mer. De nombreux répondants ont exprimé leur fierté à l’égard de leur profession et leur gratitude pour les relations solides qui unissent les membres de leur équipage. Néanmoins, le tableau d’ensemble reste préoccupant. L’ampleur du déclin dans presque tous les domaines du bien-être suggère que les pressions opérationnelles et économiques l’emportent sur les progrès réalisés au début de l’année.
Pour lire l’intégralité des conclusions du rapport sur l’indice de bonheur des marins pour le troisième trimestre 2025, cliquez ici.
(Photo ITF)
