Les clauses interdisant la relève des équipages « aggravent la fatigue physique et mentale vécue par des marins déjà épuisés, compromettent le respect des dispositions de la Convention du travail maritime (CTM) de 2006 et menacent encore davantage la sécurité de la navigation », a affirmé le Secrétaire général de l’OMI, Kitack Lim
M Lim s’est prononcé contre l’emploi, dans les chartes-parties, de clauses interdisant la relève des équipages. Il a insisté sur le fait que de telles clauses exacerbent la situation déjà précaire des marins bloqués en mer, en plus de miner les efforts déployés pour tenter de résoudre la crise des relèves d’équipages.
Les clauses interdisant la relève des équipages, qui sont exigées par certains affréteurs, stipulent qu’aucune relève d’équipage ne peut avoir lieu tant que la cargaison de l’affréteur est à bord, ce qui empêche le navire de dévier vers des ports où les relèves d’équipages pourraient avoir lieu. L’équipe de gestion de crise pour les gens de mer de l’OMI a été informée de ce nouveau développement inquiétant au cours des dernières semaines.
Dans une déclaration ferme publiée le 18 décembre dans une lettre circulaire, M. Lim demande à tous les affréteurs de s’abstenir d’exiger l’inclusion de clauses interdisant la relève des équipages, en plus d’inviter les armateurs et les exploitants de navires à les refuser si elles sont demandées.
« De telles clauses aggravent la fatigue physique et mentale vécue par des marins déjà épuisés, compromettent le respect des dispositions de la Convention du travail maritime (CTM) de 2006 et menacent encore davantage la sécurité de la navigation », a affirmé M. Lim. Il a ajouté qu’il existe d’autres clauses contractuelles qui permettent les relèves d’équipages pendant la pandémie et que ces clauses devraient être employées.
« Pour résoudre la crise des relèves d’équipages, toutes les parties prenantes devront déployer tous les efforts possibles. L’élimination des clauses interdisant la relève des équipages fait partie de ces efforts », a déclaré le Secrétaire général, réaffirmant l’engagement de l’Organisation à aider tous les États Membres, l’industrie et les gens de mer à cet égard.
Au moment où la crise des relèves d’équipages entre dans son dixième mois, des centaines de milliers de gens de mer sont toujours bloqués à bord des navires bien au-delà de la fin de leurs contrats et dans l’incapacité d’être rapatriés, certains sans salaire. Un nombre similaire de gens de mer sont dans l’incapacité de rejoindre les navires et ne peuvent commencer leurs contrats et ainsi gagner leur vie. « Cette situation représente toujours une crise humanitaire qui menace non seulement la santé et le bien-être des gens de mer, mais également la sécurité de la navigation et le fonctionnement ininterrompu de la chaîne d’approvisionnement mondiale », a insisté M. Lim, ajoutant: « les politiques ou les pratiques qui empêchent les relèves d’équipages d’avoir lieu régulièrement et en toute sécurité devraient être révisées ou éliminées. »
En date du 18 décembre, 46 États Membres de l’OMI et un Membre associé* ont désigné les gens de mer comme travailleurs clés. La désignation de travailleurs clés pour les gens de mer est importante puisqu’elle permet d’exempter ces professionnels de certaines restrictions aux déplacements liées à la COVID-19, leur permettant ainsi de voyager entre leur pays de résidence et les navires et d’être rapatriés à la fin de leur contrat. Certains signes de progrès ont été observés dans l’application du Cadre de protocoles recommandé visant à garantir la sécurité de la relève et du voyage des équipages pendant la pandémie de coronavirus (COVID-19).
Le sort des gens de mer bloqués à bord des navires fait l’objet d’une nouvelle vidéo de l’OMI (visible ci-dessous), dans laquelle des marins racontent les défis auxquels ils ont dû faire face en raison de la pandémie, de même que les conséquences de la crise des relèves d’équipages sur leur santé physique et mentale.
*États Membres : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Azerbaïdjan, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Chypre, Danemark, Dominique, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, France, Gabon, Géorgie, Ghana, Grèce, Indonésie, Iran (République islamique d’), Jamaïque, Japon, Kenya, Kiribati, Liberia, Îles Marshall, Moldavie, Monténégro, Myanmar, Nigéria, Norvège, Nouvelle-Zélande, Panama, Pays-Bas, Philippines, République de Corée, Roumanie, Royaume-Uni, Singapour, Suède, Thaïlande, Yémen.
Membre associé : Hong Kong (Chine)