Dans une nouvelle étude exhaustive, le groupe norvégien d’assurance maritime Gard a mesuré l’impact des conditions météorologiques sur les effondrements de piles de conteneurs. Ses résultats montrent l’impact de l’augmentation progressive de la hauteur des vagues, le risque quantifié de vagues élevées et la variance de l’exposition aux conditions météorologiques entre les différents opérateurs.
À mesure que l’économie mondiale se développe, le volume du commerce conteneurisé augmente régulièrement, note l’étude. L’année dernière, la flotte mondiale de transport de conteneurs a augmenté de près de 4% selon la UNCTAD, et dans le portefeuille P&I du Gard, le segment a augmenté de 16% au cours des cinq dernières années. Il représente actuellement 18 % des navires assurés.
Avec plus de conteneurs, le risque de pertes est également plus élevé. Certains incidents, comme les effondrements de cheminées ou les conteneurs perdus en mer, sont surveillés de près, car ils ont tendance à être relativement plus graves. Les pertes de conteneurs retiennent également l’attention de l’OMI, qui s’efforce de rendre obligatoire la déclaration des conteneurs perdus. Pendant ce temps, les assureurs et d’autres parties prenantes clés sont impliqués dans des travaux détaillés tels que le projet Top Tier pour enquêter sur les causes de l’effondrement des piles et rechercher des solutions.
Pour contribuer à la compréhension de l’industrie et aider à prévenir les pertes, Gard a étudié tous les cas d’effondrement de la pile où Gard était impliqué en tant qu’assureur P&I. Ces cas se sont produits entre 2016 et 2021. L’étude a examiné les données météorologiques pour comprendre les facteurs qui ont contribué à ces incidents.
Plus précisément, l’étude a combiné les données des claims du Gard avec les données géographiques et météorologiques de Windward, qui comprend une estimation de la hauteur des vagues et de la force du vent sur une base horaire. En ce qui concerne les vagues, plusieurs mesures sont courantes.
Pour chaque réclamation, Gard a recueilli des données météorologiques pour la date de l’incident ainsi que les six jours précédant le jour de l’incident. Cela nous permet d’analyser comment le temps s’est progressivement détérioré au fil du temps.
L’analyse du nombre d’incidents par rapport au nombre de navires dans notre portefeuille fournit des informations précieuses sur la fréquence des réclamations dans différents segments de taille, qui peuvent aller des alimentateurs (moins de 3000 teu) aux navires à conteneurs ultra-grands (ULCV) dépassant 15 000 teu où les hauteurs de pile peuvent dépasser 10 hauts sur le pont. Malgré un nombre plus élevé d’incidents à bord de petits navires, il existe une corrélation claire entre la fréquence (ou la probabilité) des incidents et la taille des navires. La fréquence moyenne sur six ans des demandes de règlement pour les effondrements de cheminées sur les navires d’alimentation est de 1 %, tandis que pour les VCUL, elle atteint 9 %.
En regardant une période de 7 jours avant l’incident, Gard a remarqué que le jour 1, les navires ont en moyenne une hauteur de vague de 2,5 m, ce qui correspond à la force du vent 5 sur l’échelle de Beaufort. Le temps s’aggrave ensuite progressivement, et cette augmentation de la hauteur des vagues est plus prononcée à partir du 6e jour.
La hauteur moyenne des vagues culmine le jour 7 à 6,5 m, ce qui correspond aux vents de force de coup de vent. La durée pendant laquelle les navires ont été exposés à des conditions de mer avec des vagues de 4m et plus (correspondant à des vents de force de coup de vent ou plus forts) était de 72 heures.
Il est donc évident que la hauteur moyenne des vagues a augmenté de deux fois et demie au cours de la période de sept jours. Fait intéressant, les incidents ne se sont pas toujours produits lorsque la hauteur des vagues était la plus élevée, mais après que le temps ait commencé à s’atténuer. Cela peut être dû en partie au fait que l’heure de signalement de l’incident à Gard ne coïncide pas toujours avec l’heure de l’incident lui-même.
Vagues plus élevées – risques plus élevés
Pour étudier davantage l’exposition aux hautes vagues, Gard a examiné les navires qui sont exposés à une hauteur de vague de 7 m (correspondant à des vents de force Bf 8) ou plus. Il est intéressant de noter que même si les navires impliqués dans les incidents ont passé seulement 5 % de leur temps dans des vagues de plus de 7 mètres au cours de l’année de l’incident, la moitié de tous les incidents se sont produits dans de telles conditions.
L’analyse de la hauteur maximale des vagues subie par les navires le jour de l’incident révèle un schéma similaire. Essentiellement, même s’ils passent 95 % de leur temps dans des eaux plus calmes, le pourcentage relativement faible passé dans des conditions défavorables amplifie considérablement le risque d’incidents, potentiellement jusqu’à 20 fois plus élevé, comme l’indique l’étude.
Une autre constatation était que parmi les navires qui ont eu un incident d’effondrement de cheminée, la proportion de navires exposés à de telles vagues a augmenté de près de 12 fois entre le jour 1 et le jour 7. Cela donne à penser que ces navires n’ont peut-être pas été en mesure d’éviter des conditions météorologiques aussi difficiles en dépit des outils d’acheminement météorologiques avancés disponibles.
Si l’on examine la flotte mondiale de conteneurs, environ 3,4 % sont exposés à ces conditions météorologiques à un moment donné. Parmi les différents segments de taille, le nouveau segment Panamax 1 (8 000 à 12 000 teu) semble avoir une exposition plus élevée à une hauteur de vague de 7 mètres et plus par rapport à toute autre catégorie de taille. Cette tendance est également évidente pour les vagues d’environ 4 mètres.
En conclusion, l’étude souligne que l’exposition à des conditions météorologiques qui s’aggravent présente un risque évident, et l’industrie doit revoir ses seuils météorologiques et fournir aux gens de mer les outils appropriés pour évaluer le risque de phénomènes complexes comme le roulis. De plus, il faut tenir compte de l’entretien de l’équipement de sécurité et de l’arrimage du fret à l’intérieur des conteneurs, et il faut inclure un itinéraire météorologique efficace comme indicateurs de rendement clé.
(Photo sur Twitter de l’incident de novembre 2020 de plus de 1800 conteneurs perdus lorsque le ONE Apus a rencontré des vagues ondulantes exceptionnellement lourdes dans l’océan Pacifique à 1600 milles marins d’Hawaï.)