Une carte de la soumission du Canada à l’UNCLOS de 2019 montrant les crêtes Lomonosov et Alpha. Le Canada, la Russie et le Danemark revendiquent tous cette caractéristique comme une extension de leurs plateaux continentaux respectifs. Source : Gouvernement du Canada
L’ajout s’ajoute à la soumission partielle du Canada de 2019 qui revendiquait environ 1,2 million de kilomètres carrés du fond marin et du sous-sol de l’océan Arctique, selon un rapport d’Eilis Quinn de The Barents Observer publié sur la plateforme d’information ArcticToday.
« Cet addendum à cette soumission partielle concernant les limites extérieures du plateau continental en ce qui concerne l’océan Arctique couvre une zone supplémentaire de plateau continental s’étendant au-delà des limites prévues dans cette soumission partielle, englobant toute la longueur du plateau central de l’Arctique », a déclaré le gouvernement canadien dans le document déposé le 19 décembre auprès de la Commission des Nations Unies sur les limites du plateau continental.
La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) accorde aux États côtiers une revendication de plateau continental de 200 milles marins qui permet aux pays d’exploiter les ressources des fonds marins et du sous-sol de leurs zones respectives.
Les activités peuvent aller de l’exploitation minière et de la pêche des fonds marins à l’exploration pétrolière et gazière.
Le Canada travaille à la collecte de données pour étayer ses revendications dans les océans Arctique et Atlantique depuis 2003. Mais l’UNCLOS permet d’étendre les plateaux continentaux si un État dispose de données scientifiques pour prouver que des caractéristiques géologiques ou géographiques sous-marines particulières sont en fait des extensions de leurs plateaux continentaux.
La crête de Lomonosov est une sorte de chaîne de montagnes sous-marines qui s’étend sur le fond marin de l’océan Arctique et que le Canada, la Russie et le Danemark prétendent tous être une extension de leurs plateaux continentaux respectifs.
Le nouveau dépôt du Canada intervient à un moment de forte tension entre la Russie et l’Occident.
En mars, les sept États occidentaux du Conseil de l’Arctique ont suspendu leur participation aux travaux de l’organisme pour protester contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, affirmant que la guerre avait sapé bon nombre des principes fondateurs du forum, notamment la souveraineté et l’intégrité territoriale fondées sur le droit international.
En juin, le Canada, la Finlande, l’Islande, le Danemark, la Norvège, la Suède et les États-Unis ont déclaré qu’ils reprendraient les travaux limités du conseil dans des régions qui n’incluaient pas la Russie.
Affaires mondiales Canada n’a pas été en mesure de répondre dans l’immédiat à une demande de commentaires jeudi concernant les nouvelles revendications du Canada dans l’Arctique et ses interactions avec la Russie au cours du processus.
Mais dans l’addendum, le Canada dit avoir eu des consultations régulières avec la Russie, comme il l’a fait avec le Danemark et les États-Unis, pays avec lesquels Ottawa a également des revendications qui se chevauchent.
« Lors de la préparation de cette soumission, des consultations régulières entre le Canada et la Fédération de Russie ont révélé des chevauchements dans leurs plateaux continentaux respectifs dans l’océan Arctique », indique l’addendum.
« Au moyen d’un échange de lettres, le Canada et la Fédération de Russie sont parvenus à une entente selon laquelle : lorsqu’un État soumet à la Commission une demande qui comprend l’océan Arctique, l’autre État transmettra rapidement une note diplomatique au Secrétaire général des Nations Unies.”
En 2021, la Russie a déposé une réclamation auprès de la Commission des limites du plateau continental de l’ONU qui va jusqu’à la zone économique exclusive du Canada dans l’Arctique.
Il faut plusieurs années à la commission pour étudier le bien-fondé scientifique des revendications déposées.
Ensuite, les pays utilisent les recommandations de la commission pour négocier entre eux les frontières définitives.