Par Leo Ryan, rédacteur en chef
Comme le montre cette photo historique emblématique, la belle ville tranquille de Lanoraie, à 60 kilomètres au nord-est de Montréal, a déjà accueilli un grand nombre de visiteurs au mouillage dans les eaux du puissant fleuve Saint-Laurent.
Les navires étaient parmi plus de 300 qui ont été au ralenti entre le 21 juin et le 14 juillet 1968 à la suite d’une grève des 1250 membres de l’époque de la Fraternité canadienne des chemins de fer, Transport and General Workers exigeait une augmentation salariale de 18 % sur deux ans de l’Administration de la Voie maritime du Saint-Laurent du Canada.
Il s’agissait de la première grève de la voie navigable nord-américaine depuis son entrée en service en 1959. Les pertes de salaires, de péages de la Voie maritime et de revenus de l’industrie maritime ont été estimées à l’équivalent aujourd’hui de 4 millions de dollars par jour. Ainsi, environ des centaines de millions de dollars pour l’arrêt de 24 jours.
Mais au cours de cette période, on peut imaginer quelque 5 000 habitants de Lanoraie se connectant avec les équipages des navires en bateau à moteur – apportant de la nourriture et d’autres fournitures alors que le conflit s’éternisait. Il ne fait aucun doute que les pourvoyeurs de navires de Montréal s’emparèrent de nouvelles affaires provisoires.
Aujourd’hui encore, les habitants de Lanoraie et d’autres localités du Saint-Laurent se retrouveront soudainement en compagnie de navires qui attendent d’entrer dans la Voie maritime pour livrer des cargaisons au Québec, en Ontario et dans huit États américains des Grands Lacs. Cette situation découle d’une grève déclenchée tôt dimanche par 361 travailleurs syndiqués de la Voie maritime canadienne après l’échec des négociations avec la Société de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent (SLSMC), dont les revendications salariales constituent le principal enjeu. Selon les derniers chiffres de la SLSMC, plus de 100 navires à l’extérieur du réseau de la Voie maritime sont touchés par la situation.
Au fil des ans, les deux parties ont réussi à conclure des accords de dernière minute pour éviter un délai de grève – qui a fourni un environnement stable important pour un corridor maritime de plus en plus en concurrence avec les chemins de fer, les ports côtiers et le réseau de barges du Mississippi.
Par ailleurs, en rétrospective, deux incidents mécaniques majeurs ont été les principales causes de graves perturbations de la circulation. En 1984, un pont levant à Valleyfield, au Québec, est resté bloqué à mi-chemin pendant 18 jours, faisant faire marche arrière à 160 navires Laker et océaniques. Un an plus tard, une section de 46 mètres de l’écluse 7 du canal Welland s’est effondrée, fermant le canal pendant 24 jours.
Crédit photo : La photo prise par John Low de la Garde côtière canadienne a été gracieusement mise à la disposition du Magazine Maritime de la collection du photographe vétéran du Saint-Laurent Marc Piché.