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Bouleversements sur les quais de Montréal : Maritime Magazine se prononce

Par Leo Ryan, rédacteur en chef

Quel triste spectacle depuis le début juillet sur les quais du port de Montréal, théâtre du pire conflit depuis des décennies entre plus de 1 150 débardeurs et les employeurs maritimes ! Une série de grèves provisoires lancées par le syndicat des débardeurs, le Syndicat canadien de la fonction publique, section locale 375, a été suivie d’une grève « indéfinie » qui est maintenant entrée dans sa deuxième semaine au deuxième plus grand port du Canada.

Bien entendu, dans toutes les démocraties industrielles, les travailleurs syndiqués ont un droit de grève incontestable pour défendre leurs causes. Mais paralyser un port au milieu d’une pandémie mondiale et de la pire récession depuis la Grande Dépression nous semble être fantasque – un acte véritablement consternant. 

Dans le reste du monde, vous ne trouverez aucune autre action similaire dans les principaux ports et points d’accès. Ils sont trop occupés, avec l’aide de leurs débardeurs qui assurent des services essentiels, à essayer de survivre et à livrer des marchandises aux économies en crise. Une image plutôt négative pour le Canada !

Il ne faut pas oublier pour autant le rôle essentiel joué par les débardeurs pour soutenir la croissance du port de Montréal en tant que porte d’entrée continentale en Amérique du Nord, notamment pour les marchandises conteneurisées en provenance et à destination du centre du Canada et du Midwest américain. En fait, Montréal est un port plutôt unique – situé sur le fleuve Saint-Laurent à quelque 1600 km à l’intérieur des terres de l’océan atlantique et accessible toute l’année, depuis le début des années 1960, grâce aux services de brise-glace de la Garde côtière canadienne. Pendant les mois d’hiver, les débardeurs accomplissent leurs tâches dans des conditions météorologiques parfois très difficiles.

Tout au long des longues négociations avec l’Association des employeurs maritimes (AEM), la principale pierre d’achoppement semble avoir porté sur les horaires et les temps de travail, les responsables syndicaux mettant l’accent sur un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Sans entrer dans les détails, les employeurs ont eux aussi leurs propres préoccupations après avoir investi des centaines de millions de dollars dans la modernisation, en collaboration avec l’Administration portuaire de Montréal, des infrastructures et de la capacité de manutention des marchandises pour rester concurrentiel.

Mais l’incertitude croissante générée par les nombreuses initiatives de grève nuit au port de Montréal, qui doit faire face à des défis de plus en plus grands issus d’une concurrence accrue de la part des ports américains et de divers projets d’agrandissements de ports sur la côte est du Canada. À cet égard, l’escalade du conflit a provoqué le détournement jusqu’à présent de près d’une douzaine de porte-conteneurs vers d’autres ports tels que Saint-Jean, Halifax et New York/New Jersey. Le plus regrettable est aussi le rapport sur les violences commises par des débardeurs en grève un soir récent contre le personnel de direction revenant d’un travail de remplacement dans un terminal à conteneurs.

On peut se demander honnêtement si la direction du syndicat des débardeurs comprend que ses « moyens de pression » de la ligne dure par le biais de grèves mettent potentiellement en danger la stabilité financière de ses membres et de leurs revenus substantiels, qui se situent bien dans les six chiffres.

Pour sortir de l’impasse, l’AEM a proposé la semaine dernière ce qui nous a semblé être une solution raisonnable : entamer une trêve, mettre fin immédiatement aux grèves et accepter un arbitrage contraignant si aucun accord n’est conclu dans le cadre de négociations par médiation dans les deux mois pour remplacer la convention collective qui a expiré le 31 décembre 2018. Le syndicat des débardeurs a dit non.

La pression de l’industrie maritime au Québec et au Canada augmente chaque jour pour qu’Ottawa intervienne. La semaine dernière, le gouvernement fédéral a exprimé sa réticence à le faire, exhortant les deux parties à « résoudre leurs différends rapidement ».

Les enjeux sont trop importants pour que le statu quo puisse durer plus longtemps. D’une manière ou d’une autre, les débardeurs et les employeurs maritimes doivent trouver des compromis qui reflètent un indispensable esprit de partenariat. Sinon, ils trouveront leur destin contrôlé par une solution contraignante imposée par Ottawa.

Les activités du port de Montréal représentent 19 000 emplois directs et indirects et sont au cœur d’un écosystème économique impliquant des importateurs et exportateurs canadiens, dont 6 300 entreprises de transport et de logistique. (photo Administration portuaire de Montréal)

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