Par Michael GreyNone
Il faut reconnaître que les Houthis sont capables, avec des ressources limitées, de provoquer une quantité extraordinaire de problèmes dans le monde. Des crises financières en Égypte, avec le fonctionnement à temps partiel du canal de Suez, aux accidents causés par les intempéries sur les navires détournés du Cap, tout cela est dû à leur comportement malveillant. Ils peuvent même ajouter, en plus des coûts énormes des détournements et des voyages plus longs, leur signature sur le compte « zéro émission nette », avec tout ce carburant supplémentaire consommé par les navires qui accélèrent pour acheminer leurs marchandises vers les marchés, avant que les personnes qui les ont commandées tout au long de la chaîne d’approvisionnement ne perdent courage.
L’outrage spectaculaire du tir du char entièrement chargéCap SounionOn pourrait penser que c’est un but contre son camp, si tout le littoral revendiqué par les Houthis est inondé de pétrole brut. Mais même ici, le haut commandement de ce royaume pirate a repris le dessus, en permettant généreusement aux sauveteurs de remorquer la carcasse en détresse, sauvant ainsi l’environnement que leur propre unité trop enthousiaste avait d’abord mis en danger. Ils donnent l’impression que la mer Rouge et le golfe d’Aden sont fermement sous leur contrôle, et il ne se passe pratiquement pas un jour sans que l’on signale des attaques de leurs missiles, drones et vedettes rapides télécommandées. Rien de tout cela ne semble refléter très bien les forces de l’ordre.
Il existe des rapports triomphants selon lesquels des navires de guerre de la coalition abattent quelques missiles, mais rien ne semble se produire pour dégrader la capacité de ces bandits à attaquer la marine marchande à volonté.
Et parmi les différentes marines dont les unités sont engagées dans des missions de protection, seules les forces américaines et parfois britanniques sont prêtes à faire autre chose que se défendre contre le matériel lancé depuis le territoire contrôlé par les Houthis.Cap Sounion, qui a fini par faire la une des médias grand public après que l’agitation autour de la tragédie au large des côtes italiennes se soit apaisée, semble illustrer l’incapacité des défenseurs de la liberté des mers contre les Houthis.
Le navire a été touché par plusieurs missiles et abandonné au milieu du sud de la mer Rouge. L’équipage a été secouru et mis en sécurité. Mais aucune protection navale n’était disponible pour surveiller l’épave, qui a ensuite été abordée par les pirates, qui ont fait exploser des explosifs placés stratégiquement autour du navire, déclenchant de gigantesques incendies, pendant que leur triomphe était filmé par des équipes de tournage spécialement chargées de produire la meilleure propagande possible pour leur cause.
La situation dans son ensemble, un peu comme le pétrolier naufragé lui-même, semble être à la dérive, les hostilités dans la mer Rouge et dans le golfe d’Aden étant perçues par les gouvernements comme un sous-produit du conflit plus grave à Gaza qui devra simplement être toléré.
Il est difficile de deviner ce que pensent ces puissants stratèges, mais ils pourraient désormais croire que l’industrie du transport maritime s’est plus ou moins adaptée à la nouvelle normalité, que les victimes sont principalement celles qui sont prêtes à prendre des risques, et que tous les coûts sont couverts par l’assurance, ou par les clients de toutes ces marchandises sur le long trajet à travers l’Afrique.
Le facteur des pavillons de complaisance
C’est une pensée tout à fait indigne, mais le manque d’urgence à agir de manière plus vigoureuse contre le haut commandement houthi et son armée pourrait aussi avoir quelque chose à voir avec la façon dont les navires sont aujourd’hui détenus et gérés, sous des pavillons largement commodes, qui en eux-mêmes ont extrêmement peu de puissance de feu défensive ou même diplomatique. Les Houthis, dont les services de renseignement ne sont peut-être pas très précis sur les prétendues connexions israéliennes de leurs cibles, semblent suffisamment intelligents pour ne pas attaquer un navire arborant le logo COSCO sur son flanc. Ils savent également que les États FOC n’ont aucune capacité de riposte, quand ils font voler leurs drones explosifs contre des navires immatriculés dans ces endroits lointains.
Dans cette misérable stagnation, nous nous retrouvons avec le fait que personne, hormis les nobles agences de protection sociale et les syndicats, ne semble s’inquiéter outre mesure de la vie des équipages des navires marchands qui se débattent dans ces eaux hostiles. Et cela devrait nous faire honte à tous. Les différentes institutions du secteur, même le S-G de l’OMI, élèvent la voix, mais elles sont rarement entendues dans le contexte des hostilités plus vastes. Et nous devons nous souvenir, de peur d’oublier, de l’équipage du transporteur de voitures.Chef de la galaxie, retenu en otage par les pirates depuis le début des hostilités, il y a plusieurs mois.
(Photo des médias militaires houthis)
*Michael Grey est l’ancien rédacteur en chef de Lloyd’s List. Cette chronique est publiée avec l’aimable autorisation de The Maritime Advocate.