Londres, 6 septembreNoneL’association commerciale mondiale des opérateurs de navires, la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), a présenté une proposition globale pour une taxe mondiale sur les émissions de carbone des navires, ce qui serait une première pour un secteur industriel.
L’ICS, qui représente les associations nationales d’armateurs du monde entier et plus de 80 % de la flotte marchande, a présenté vendredi à l’ONU une proposition appelant à une mesure fondée sur le marché acceptée au niveau international pour accélérer l’adoption et le déploiement de carburants zéro carbone. Cette proposition est présentée en amont de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC-COP 26) qui se tiendra du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Écosse.
Selon les documents remis à l’Organisation maritime internationale (OMI), l’organisme de réglementation des Nations Unies en matière de transport maritime, la taxe serait basée sur les contributions obligatoires des navires opérant dans le monde entier, dépassant 5 000 tonneaux de jauge brute, pour chaque tonne de CO2 émise. L’argent serait versé dans un « Fonds climatique de l’OMI » qui, en plus de combler l’écart de prix entre les carburants zéro carbone et les carburants conventionnels, servirait à déployer l’infrastructure de soutage nécessaire dans les ports du monde entier pour approvisionner en carburants tels que l’hydrogène et l’ammoniac, garantissant ainsi la cohérence de la transition verte du secteur dans les économies développées et en développement.
Le transport maritime est responsable d’environ 2 % des émissions mondiales de carbone et l’OMI a reconnu la nécessité d’agir de toute urgence pour décarboner le secteur. L’industrie espère vivement que des navires zéro carbone seront mis à l’eau par les chantiers navals d’ici 2030. Cependant, aux taux de production actuels, les carburants zéro carbone ne sont pas disponibles commercialement à l’échelle nécessaire pour la flotte mondiale. La taxe carbone vise à accélérer la création d’un marché qui rende viable le transport maritime zéro émission.
Le Fonds calculerait les contributions climatiques à verser par les navires, collecterait ces contributions et fournirait la preuve qu’elles ont été versées. L’ICS espère qu’il soutiendrait également de nouvelles infrastructures de soutage, afin que de nouveaux carburants, une fois développés, puissent être mis à disposition dans le monde entier et à partir du plus grand nombre de ports possible. Pour minimiser toute charge pesant sur les États membres de l’ONU et assurer la mise en place rapide de la taxe carbone, le cadre proposé par l’industrie utiliserait le mécanisme déjà proposé par les gouvernements pour un fonds de recherche et développement distinct de 5 milliards de dollars pour accélérer le développement de technologies zéro carbone, que l’OMI de l’ONU devrait approuver lors d’une réunion cruciale en novembre, immédiatement après la COP 26.
Guy Platten, secrétaire général de l’ICS, a commentéNone« Ce dont le transport maritime a besoin, c’est d’une mesure véritablement mondiale basée sur le marché, comme celle-ci, qui réduira l’écart de prix entre les carburants zéro carbone et les carburants conventionnels. Le développement rapide d’un tel mécanisme est désormais une nécessité vitale si les gouvernements veulent faire correspondre les actes à la rhétorique et faire preuve d’un leadership continu en faveur de la décarbonisation du transport maritime.
« Il ne fait aucun doute que les progrès technologiques peuvent permettre la transition vers un transport maritime à zéro émission. Cependant, d’énormes progrès doivent encore être réalisés si nous voulons atteindre les niveaux de préparation nécessaires à un déploiement à grande échelle. Cela implique notamment de construire l’infrastructure nécessaire pour soutenir une telle transition.
« Nous devons être en mesure de mettre à l’eau des navires à zéro émission d’ici 2030 sans avoir à nous attaquer aux problèmes de prix et de sécurité. Si l’OMI soutient notre proposition, nous pourrons peut-être changer la donne et déployer les technologies de manière économique et équitable. »
L’ICS estime qu’un système de quotas d’émissions obligatoire basé sur une taxe mondiale est nettement préférable à une application unilatérale et régionale de ces systèmes au transport maritime international, comme celle proposée par la Commission européenne qui souhaite étendre le système d’échange de quotas d’émission de l’UE au transport maritime international. Une approche fragmentaire des systèmes de quotas d’émissions (le système d’échange de quotas d’émission de l’UE ne s’appliquera qu’à environ 7,5 % des émissions mondiales du transport maritime) ne parviendra pas à réduire les émissions mondiales du transport maritime international dans la mesure requise par l’Accord de Paris, tout en compliquant considérablement la conduite du commerce maritime.
Le MBM basé sur une taxe, qui est co-parrainé par l’association professionnelle des opérateurs de vraquiers, INTERCARGO, s’ajoute à un fonds de recherche et développement de 5 milliards de dollars proposé par l’industrie et le gouvernement. Le fonds de recherche et développement, constitué d’une taxe obligatoire de 2 $ par tonne sur le carburant marin, serait entièrement utilisé pour financer la recherche et le développement de carburants et de systèmes de propulsion alternatifs sans carbone. L’ICS a demandé que ce fonds soit approuvé lors d’une prochaine réunion pivot de l’OMI en novembre de cette année. (Photo Dreamstime)