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Un projet de loi antibriseurs de grève du gouvernement canadien se dirige vers le Sénat après son adoption à la Chambre des communes

Par Leo Ryan, rédacteur en chef

Au milieu des applaudissements des milieux syndicaux et des vives critiques des milieux d’affaires canadiens, le projet de loi du gouvernement fédéral interdisant les travailleurs de remplacement dans les transports, les secteurs des banques et des télécommunications sont maintenant soumis à l’examen du Sénat, qui l’a adopté à l’unanimité lundi en troisième lecture à la Chambre des communes.

Le projet de loi C-58, qui modifie le Code canadien du travail, empêcherait les employeurs sous réglementation fédérale d’avoir recours à des briseurs de grève ou à des lock-out ou de se voir imposer des amendes de 100 000 $ par jour.

Lorsque le ministre du Travail, Seamus O’Regan, a déposé le projet de loi 58 en novembre dernier, il a déclaré que cette initiative était « la plus grande chose qui soit arrivée à la négociation collective au Canada depuis des décennies ».

Perrin Beatty, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada, a qualifié le vote de « mauvaise nouvelle pour le Canada, pour les familles canadiennes et pour les travailleurs canadiens ».

« Le mois dernier, a souligné M. Beatty, de nouvelles recherches nous ont montré que le Canada perd plus d’heures de travail au profit des travailleurs en grève qu’il n’en a perdu à n’importe quel moment pendant la pandémie. Et le document de travail du gouvernement sur cette question reconnaît que l’interdiction des travailleurs de remplacement est susceptible d’entraîner des grèves et des lock-out plus fréquents. Cela exacerbera notre problème de productivité, érodera davantage notre réputation mondiale et nous empêchera de simplement faire avancer les choses. »

Beatty a mis en garde : « Si ce projet de loi devient loi, la prochaine fois qu’une grève met fin au transport ferroviaire ou aérien, au service de téléphonie cellulaire ou au paiement par carte de crédit, ou aux opérations portuaires qui permettent de conserver des produits sur les tablettes et des produits frais dans les épiceries, les coûts pour tous les Canadiens seront plus élevés – tout cela grâce à la décision des politiciens de faire passer la politique avant l’intérêt supérieur des Canadiens. »

Contre la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne : « Ce projet de loi vise à protéger le droit à une négociation collective équitable et libre, y compris le droit de grève. Les travailleurs se sont battus pendant des générations pour en arriver là, mais il y a encore une dernière étape. »

En se félicitant du vote parlementaire, l’entité québécoise du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) rappelle que les débardeurs du port de Québec (SCFP 2614) sont en lock-out par les employeurs maritimes depuis plus de 20 mois alors que les syndiqués de Vidéotron à Gatineau (SCFP 2815) sont en lock-out depuis 7 mois.

« Ces deux groupes ont été les fers de lance de la lutte pour l’adoption de cette loi antibriseurs de grève, mais si cette dernière existait déjà, ces gens ne seraient pas dans la rue. Ils l’ont dit souvent et je le répète : ils n’ont pas été les premiers à souffrir de l’absence de cette loi, mais espérons qu’ils seront les derniers! » , a déclaré Frédéric Brisson, secrétaire général du SCFP au Québec. « Cette nouvelle loi rétablira l’équilibre entre la direction et le syndicat à la table de négociation. Le Québec a adopté une loi antibriseurs de grève en 1977 et il est grand temps que les employés sous juridiction fédérale puissent en bénéficier. »

La Colombie-Britannique et le Québec ont adopté des lois provinciales antibriseurs de grève pour empêcher les employeurs de compter sur les travailleurs de remplacement pendant les négociations collectives dans l’impasse.

Le gouvernement minoritaire libéral du premier ministre Trudeau, dans le cadre de son accord de crédits et de confiance avec le Nouveau Parti démocratique, avait accepté le projet de loi C-58 comme l’une de ses mesures législatives prioritaires. Toutefois, l’appui du Parti conservateur de l’opposition n’était pas acquis d’avance.

Il reste à voir à quelle vitesse le projet de loi sera adopté par le Sénat avant la sanction royale. Cependant, le gouvernement Trudeau espère clairement que tout sera terminé avant la fermeture du Parlement pour l’été.

Le projet de loi C-58, qui devrait s’appliquer à un million d’employés, devrait prendre 12 mois avant sa mise en oeuvre, au lieu des 18 mois proposés à l’origine par le NPD qui insiste pour accélérer les choses.

Une caractéristique importante à souligner : une exemption où les travailleurs de remplacement peuvent effectuer le travail des syndiqués pendant les arrêts de travail, mais seulement dans les cas de menaces perçues pour la santé et la sécurité ou de dommages environnementaux ou matériels graves qui ne peuvent pas être gérés par la population active existante.

(Photo de l’édifice du Parlement du Canada)

 

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