Après des mois d’avertissements, l’International Longshore Association (ILA) a lancé aujourd’hui sa première grève depuis 1977, mettant fin aux opérations dans tous les ports de la côte est et du golfe qui représentent plus de la moitié du commerce maritime américain. Les 45 000 membres du puissant syndicat ont commencé à partir à minuit dans 36 ports du Texas au Maine.

 « L’ILA se bat pour le respect, l’appréciation et l’équité dans un monde où les entreprises sont déterminées à remplacer les travailleurs acharnés par l’automatisation », a affirmé le syndicat dans une brochure distribuée à ses piquets de grève. « Les robots ne paient pas d’impôt et ils ne dépensent pas d’argent dans leurs collectivités. »

L’ILA aurait souligné qu’elle ne reprendrait pas les négociations tant que les employeurs n’auraient pas accepté une augmentation de 77% des salaires pour le nouveau contrat de six ans. Le contrat-cadre devrait également traiter des questions relatives à l’automatisation, aux avantages sociaux et aux règles de travail.

Représentés par l’U.S. Maritime Alliance (USMX), les employeurs auraient augmenté leur offre précédente de 40 % à 50 %, mais cela ne s’est pas avéré suffisant pour empêcher une grève. 

Le président de l’ILA, Harold Daggett, a déclaré : « USMX a déclenché cette grève lorsqu’ils ont décidé de maintenir en place des Ocean Carriers étrangers qui font des profits de plusieurs milliards de dollars dans les ports américains, mais sans indemniser les travailleurs longshore américains de l’ILA qui effectuent le travail qui leur apporte leur richesse. »

Tout en exhortant les parties à trouver une solution de compromis, l’administration Biden n’a pas encore indiqué qu’elle pourrait intervenir – une mesure souhaitée par de nombreux groupes industriels.

Selon une société de recherche basée au Michigan, les coûts directs d’une grève d’une semaine pourraient atteindre 2 milliards de dollars.

Quelques heures seulement après le début de l’arrêt de travail, le président de l’ILA, Harold Daggett, s’est joint à un grand groupe de débardeurs qui manifestaient dans le port de New York/New Jersey (photo) et a promis qu’il obtiendrait un « excellent contrat » en quelques semaines.

« Que ce soit une semaine, deux semaines — j’espère que c’est fini pour trois, j’espère — vous faites ici l’histoire », a déclaré M. Daggett, ajoutant : « Nous allons nous en sortir avec un excellent contrat. »

Certains transporteurs maritimes ont déjà commencé à mettre en œuvre des plans d’urgence pour le déchargement de marchandises dans d’autres ports. Par exemple, Hapag-Lloyd a annoncé lundi que les navires de son service express des Caraïbes qui auraient appelé le port de Virginie cette semaine prévoient maintenant d’appeler le port canadien de Saint John.

Dans un entretien avec Street Signs Europe de CNBC, le chef analyste de Xenata, Peter Sand, a déclaré aujourd’hui qu’il s’attend à ce que le gouvernement américain intervienne si la grève se prolonge jusqu’à la semaine prochaine. « Ils [le gouvernement] ne peuvent pas laisser la grève se poursuivre indéfiniment. »

« Nous voyons les dominos tomber en plusieurs étapes maintenant. Au début, bien sûr, l’effet immédiat est sur la côte est et le golfe des États-Unis, n’est-ce pas? » a-t-il dit.

Il y aura alors un effet de retombée pour les navires qui font actuellement la queue à l’extérieur des ports, a ajouté M. Sand, ce qui signifie que leurs prochains voyages aux États-Unis avec de nouvelles marchandises seront retardés.

« Nous verrons des perturbations avec certains navires qui seront en retard hors d’Europe et de la Méditerranée vers la fin octobre et le début novembre », a déclaré M. Sand.

Les navires quitteront l’Asie avec du retard vers la fin de décembre et le début de janvier – « et c’est essentiellement à ce moment que se produit le prochain mini-pic normal dans le transport par conteneurs, avant le Nouvel An chinois. »

Entre-temps, selon un rapport de Linerlytica : « La veille de la grève du 29 septembre 2024, 54 porte-conteneurs de 371 000 EVP étaient amarrés dans les ports de la côte est avec 90 autres navires de 505 000 EVP qui devraient arriver sur la côte est au cours des sept prochains jours avec le projet de construction.Le nombre de navires devrait provoquer une grave congestion des ports au cours des prochaines semaines.

(Photo ILA du dirigeant syndical Harold Daggett parmi les manifestants au port de NY/NJ)