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La Russie fait fi de l’urgence climatique dans ses projets arctiques

Alors que l’ONU publie un autre rapport alarmant sur l’urgence climatique et que plusieurs des plus grandes entreprises de transport de conteneurs au monde, notamment CMA CGM, Hapag Lloyd et MSC, ont annoncé ces derniers mois qu’elles ne navigueraient pas dans l’Arctique pour des raisons environnementales,l’agence de presse Interfax rapporte que le groupe russe Rosatom est en pourparlers avec la banque VTB, l’une des plus grandes banques du pays, afin d’obtenir 7 milliards de dollars de fonds pour acquérir jusqu’à 55 porte-conteneurs de la classe glace et moderniser les installations portuaires le long de la route maritime du Nord, dans l’Arctique (NSR), un raccourci entre l’Asie et l’Europe concurrençant le canal de Suez. Cela serait en contradiction directe avec les efforts des défenseurs de l’environnement pour limiter le nombre d’activités de transport maritime dans le nord, en partie à cause du risque lié à l’utilisation de mazout lourd et d’émissions de carbone noir.

Le trafic maritime le long de la côte arctique de la Russie est à un niveau sans précédent, atteignant près de 30 millions de tonnes en 2019. La grande majorité de ce trafic provient du transport de pétrole et de gaz et de marchandises diverses, mais le transport de conteneurs a été très limité.

Il semble que la Russie a l’intention de changer cela. Le mois dernier, le ministère du Développement de l’Extrême-Orient a présenté une proposition visant à créer une société de transport maritime de conteneurs gérée par l’État offrant des liaisons entre Mourmansk à l’ouest et le Kamchatka à l’est.

«Très peu d’activités marines et maritimes de la Russie dans l’Arctique peuvent exister sans que le gouvernement subventionne de nombreux éléments de l’opération», a expliqué Lawson Brigham, professeur de géographie et de politique arctique à l’University of Alaska Fairbanks.

Beaucoup de spéculations et de scepticisme subsistent quant à l’avenir de cette nouvelle ligne de conteneurs, mais le fait que Rosatom ait été mis en charge charge des transports, de la sécurité et de l’infrastructure de la NSR – rétrogradant le ministère des Transports – en est un signe supplémentaire que le rôle de Rosatom le long du parcours va probablement prendre de l’ampleur dans les années à venir.

«De sérieuses questions ont été soulevées sur la viabilité commerciale de la mise en place de routes de conteneurs régulières pour plusieurs raisons. À cause des détroits peu profonds, les porte-conteneurs les plus gros – et les plus économiques – ne peuvent pas passer, l’itinéraire n’est utilisable qu’une partie de l’année et même en été, la glace peut retarder les trajets, rendant impossible la garantie de la livraison juste à temps», confirme le chercheur principal Arild Moe à l’Institut Fridtjof Nansen.

Un certain nombre d’études, y compris un rapport largement cité de la Copenhagen Business School, ont conclu que le transport de conteneurs dans l’Arctique n’était actuellement pas économique. Cependant, à mesure que la glace de mer arctique continue de diminuer, certains calculs pourraient changer, l’étude concluant que «la faisabilité de la navigation de ligne [dans l’Arctique] dépend fortement du nombre annuel de jours de navigation le long de la NSR».

Avec la diminution continue de la banquise le long de la NSR et la disponibilité de nouveaux brise-glaces nucléaires pour les escortes, Rosatom a émis des prévisions très optimistes telles que des revenus de 700 millions de dollars d’ici 2023, atteignant 5,6 milliards de dollars en 2026.

À la fin de la prochaine décennie, la société a pour objectif de transporter 72 millions de tonnes de fret par an, dont 43 millions seraient conteneurisés, ce qui correspond au leader mondial Maersk. À titre de comparaison, le canal de Suez reçoit environ 980 millions de tonnes de marchandises, dont 570 millions proviennent de porte-conteneurs.

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