Harald Solberg*
Pour accélérer la transition écologique, nous devons nous fixer un objectif clair de zéro émission d’ici 2050, instaurer une taxe sur les émissions de CO2 basée sur le marché et mettre en place un ensemble amélioré de mesures d’efficacité. En tant que régulateur mondial de notre secteur, l’OMI est l’organisme qui doit le faire – et vite. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre du temps.
Au lendemain du salon Nor-Shipping de cette année à Oslo, il m’est apparu clairement, dans toutes les conversations que j’ai eues, en public ou non, qu’un élan se développe dans l’ensemble du secteur pour faire pression en faveur d’objectifs plus élevés en matière de décarbonisation, de développement technologique plus rapide et d’amélioration de l’efficacité tout au long de la chaîne de valeur pour lutter contre la crise climatique.
Mon résumé après le salon à tous nos partenaires mondiaux est que la communauté maritime norvégienne continuera à être une voix forte et de premier plan dans ce processus. La NSA a lancé sa propre stratégie climatique ambitieuse en 2020, en vertu de laquelle nos membres, d’une part, ne commanderont que des navires basés sur une technologie à zéro émission à partir de 2030, et d’autre part, exploiteront une flotte neutre pour le climat d’ici 2050.
La stratégie climatique actuelle de l’Organisation maritime internationale (OMI) a été adoptée en 2018 avec pour objectif de réduire les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime international d’au moins 50 % d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2008. La stratégie prévoyait également l’élaboration de mesures à court terme pour aider à atteindre cet objectif, notamment des normes d’efficacité énergétique pour les nouveaux navires et l’élaboration de l’indicateur d’intensité carbone (IIC) pour les navires existants.
La NSA soutient fermement l’OMI. Nous continuons de penser que les réglementations maritimes devraient être élaborées dans la mesure du possible au niveau mondial, sous sa direction. C’est la meilleure façon de garantir une concurrence équitable et un cadre réglementaire d’une efficacité optimale, plutôt qu’une mosaïque de réglementations régionales qui seraient inutilement contraignantes en termes de coûts et de conformité.
Nous sommes d’avis que l’OMI doit adopter d’urgence une stratégie plus ambitieuse, dans le même esprit que la nôtre. Nous préconisons l’établissement d’unzéro émissionL’objectif de réduction des émissions de GES du transport maritime international doit être atteint d’ici 2050 et un mécanisme de marché doit être mis en place pour fixer un prix sur les émissions de GES du transport maritime international. Ce dernier est absolument essentiel pour réduire les émissions à l’échelle mondiale. Les revenus d’une taxe sur le CO2 doivent à leur tour servir à financer la transition verte en réduisant le prix des sources d’énergie alternatives.
En outre, le CII a montré des faiblesses importantes, notamment des conséquences imprévues qui pourraient entraîner une distorsion des plateformes de négociation de navires pour obtenir de meilleurs classements, ce qui, dans le pire des cas, pourrait entraîner une augmentation de la consommation de carburant et des émissions. De nouvelles mesures plus efficaces sont nécessaires au lieu d’une dynamique « taille unique » basée sur les milles nautiques parcourus.
La 80e réunion du Comité de protection du milieu marin (MEPC-80) en juillet prochain décidera de la stratégie climatique révisée de l’OMI. Nous ne pouvons pas nous soustraire à notre responsabilité commune de transformer le transport maritime, et avec l’OMI à l’avant-garde, je crois que nous pouvons y parvenir – ensemble et sur un pied d’égalité.
En conclusion, en tant que régulateur international de notre secteur, nous avons besoin que l’OMI fasse preuve d’un leadership fort et déterminé. La réunion de juillet sera considérée comme une étape clé et des décisions audacieuses sont nécessaires. Toutes les lacunes doivent être comblées et il n’y a pas de temps à perdre.
*Chronique d’opinion rédigée par Harald Solberg, PDG de l’Association des armateurs norvégiens