par Michael Grey*
Nous sommes terriblement inquiets pour nos chaînes d’approvisionnement ces jours-ci, maintenant que nous réalisons qu’elles s’étendent bien au-delà de la camionnette de livraison. C’est une préoccupation qui a été mise en lumière l’année dernière, avec l’interruption spectaculaire du voyage vers l’ouest duToujours donné, suivie de la révélation que le canal de Panama, dont l’expansion était enthousiasmante, était sur le point de manquer d’eau. Notre dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales et au mondialisme en général a été mise à rude épreuve à cause de la pandémie, lorsque les gens ont réalisé que les meubles de jardin qu’ils avaient commandés n’arriveraient pas avant le début de l’hiver et peut-être même avant l’hiver suivant. Le mot « relocalisation », que je n’aurais pas inventé, est devenu un terme courant parmi les types de la City qui se bousculent. « Juste à temps », qu’il s’agisse de la non-livraison des cartes de Noël ou de l’expédition retardée de marchandises urgentes, est devenu un terme quelque peu redondant.
Les inquiétudes sont de retour, avec une vengeance, sur les cargaisons qui n’arriveront pas à temps en raison des retards et des détournements causés par les pirates de la mer Rouge soutenus par l’Iran, seul terme approprié pour décrire ceux qui tirent sur les navires marchands de passage ou rançonnent les marins. Les ventes de janvier ne parviendront-elles pas à leurs objectifs parce que les marchandises qui devraient être dans les magasins sont en train de faire le tour du cap des Tempêtes, ou se cachent de manière indécise dans le golfe Arabique ou en Méditerranée orientale, les armateurs se demandant quelles garanties de protection pourraient leur offrir les escortes militaires, s’ils continuent à avancer dans la mer Rouge ?
Hommage aux marins qui rendent possibles les chaînes d’approvisionnement
Mais dans tous les débats sur l’extension des chaînes d’approvisionnement et sur la question de savoir si les marchandises arriveront à temps pour que les caisses soient déchargées et les conteneurs vides expédiés à nouveau vers l’Est, on n’entend pas grand-chose sur les effets de cette violence sur les personnes qui sont à l’origine de tout cela. Il s’agit des marins, qui s’embarquent pour une nouvelle année dans un climat très incertain, avec toutes les horreurs qui s’abattent désormais sur notre monde et qu’ils ne peuvent, en raison de leur emploi, éviter.
Aucun d’entre eux n’aurait accepté de travailler comme marin en s’attendant à être pris pour cible par un drone explosif ou un missile guidé, simplement parce qu’ils passent à proximité. Certains analystes des Gardiens de la Révolution ont d’ailleurs détecté qu’il pourrait y avoir un lien avec Israël dans la propriété de leur navire. Il n’est guère réconfortant de savoir que si le pirate aux commandes des drones réussit sa mission, les marins, une fois de plus, ne seront que les victimes de ce conflit, comme ils le sont toujours.
Il se pourrait que les exploitants de navires fassent preuve de plus d’humanité ces derniers temps, en montrant qu’ils ne sont pas disposés à voir leurs navires et leurs équipages menacés par des explosifs de grande puissance. Nous avons probablement appris quelque chose depuis la « guerre des pétroliers » des années 1980, lorsque les équipages étaient les victimes des attaques des aviateurs héroïques d’Iran et d’Irak contre leurs navires, mais on attendait d’eux qu’ils continuent à naviguer dans ces eaux dangereuses, quoi qu’il arrive. Au moins, avec ces dernières attaques, il y a eu une sorte de répit, le temps que les marines se mettent en place une protection et que les gens se renseignent auprès de leurs assureurs.
Les dangers d’origine humaine auxquels sont confrontés les marins qui naviguent en 2024 sont bien trop nombreux. La mer Noire n’est pas un endroit pour les âmes sensibles, avec ses mines, ses missiles et le danger réel que représente une traversée vers les ports ukrainiens. Les preneurs d’otages semblent rassembler leurs forces dans le chaos qui règne dans la Corne de l’Afrique et ne sont jamais partis dans le golfe de Guinée, malgré les efforts des États côtiers. Des brigands et des voyous de la mer sont attaqués dans les eaux de l’Asie du Sud-Est, en raison, dit-on, de la pauvreté économique de leurs communautés côtières.
Autre chose que les marins d’autrefois n’avaient jamais eu à affronter : la montée en puissance insidieuse des gangs de narcotiques d’Amérique du Sud, qui considèrent la marine marchande comme l’une de leurs principales chaînes d’approvisionnement. D’énormes quantités de cocaïne et d’autres drogues dures sont acheminées vers les principaux ports européens par des cargaisons légales, ainsi que dans des caches sous-marines.
Souvent, les marins dont les navires sont utilisés de cette manière devront prouver qu’ils sont innocents de toute collusion. Il y aura invariablement des retards, des inquisitions et des griefs, des personnes détenues pendant des mois, voire des années, pendant que les enquêtes se poursuivent. Les équipages des navires ne seront que les victimes collatérales d’un autre type de guerre. Nous devons nous rappeler à quoi ils seront confrontés lorsque notre chaîne d’approvisionnement s’allongera en 2024 et leur souhaiter une mer calme, des traversées rapides et la liberté de toutes ces misères créées par l’homme au cours de leurs voyages.
(Photo de Houthi Military Media de l’attaque d’un navire marchand en mer Rouge.)
*Michael Grey est l’ancien rédacteur en chef deListe de Lloyd. Cette chronique est publiée avec l’aimable autorisation deL’avocat maritimeNone