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Rôle vital des pilotes maritimes dans le transport maritime mondial (En Anglais)

Par Leo Ryan, rédacteur en chef

OTTAWA – Les pilotes maritimes et les représentants de l’industrie maritime de partout au Canada ont eu droit plus tôt ce mois-ci à un colloque spécial instructif et animé sur les objectifs de l’Organisation maritime internationale (OMI) et le rôle crucial joué par les pilotes locaux dans l’atteinte de ces objectifs. Organisé par le capitaine Simon Pelletier, président de l’Association internationale des pilotes maritimes et de l’Association canadienne des pilotes maritimes, l’événement du 3 octobre a été marqué par la participation de Kitack Lim, secrétaire général de l’OMI.

Dans son mot d’introduction, le capitaine Pelletier, toujours pilote actif dans le district du Bas-Saint-Laurent, a commencé par dire que, fondamentalement, les intervenants maritimes « sont préoccupés par un certain nombre de questions qui ne peuvent être résolues que par une action collective mondiale ».

Par exemple : « Si le niveau de la mer monte de 40 centimètres d’ici 2050, le transport maritime – et le pilotage – en subiront les conséquences. Si nous abandonnons complètement les combustibles fossiles et adoptons de nouvelles sources d’énergie, comme l’hydrogène, de nouveaux terminaux – peut-être même de nouveaux ports – devront être construits, ce qui entraînera de nouveaux défis pour la navigation.

« Si la tendance vers un transport maritime durable se poursuit, le nombre de navires toujours plus grands, plus économes en carburant et en émissions, continuera de croître dans nos eaux.

« Et si la tendance à la démondialisation et à l’émergence de blocs régionaux se renforce, cela aura non seulement un impact sur les routes de navigation et les cargaisons, mais les défis qui se dressent sur la voie de l’action collective internationale seront également plus grands.

« Dans tous les cas, le transport maritime dans son ensemble et, avec lui, le pilotage, seront directement affectés par la manière dont ces questions seront traitées, ou non. »

Le capitaine Pelletier a ajouté : « Heureusement, le leadership de l’OMI a été solide et, même si l’action mondiale n’est jamais facile, l’OMI a réussi à établir un consensus et à faire avancer d’importantes initiatives qui constituent un modèle pour l’internationalisme. Cela est dû en grande partie aux qualités personnelles et aux approches du Secrétaire général Kitack Lim. »

Le point de vue de Kitack Lim

Exprimant son point de vue sur les nombreux défis à venir, M. Lim a tout d’abord observé : « Dans un monde où l’économie mondiale repose sur le transport maritime, nous devons reconnaître le rôle essentiel du personnel maritime, en particulier des pilotes.

« Les pilotes ont toujours assuré la sécurité de la navigation dans des eaux difficiles, en guidant les navires à travers des zones dangereuses et en facilitant une communication efficace.

« La sécurité de la navigation et la protection de l’environnement sont des responsabilités collectives. En tant qu’institution spécialisée des Nations Unies, l’OMI est l’autorité mondiale chargée de l’établissement des normes en matière de sécurité, de sûreté et de performance environnementale du transport maritime international. »

M. Lim a ensuite souligné : « Ce n’est qu’en collaborant étroitement avec tous les acteurs du secteur maritime que nous pouvons collectivement stimuler le développement et l’innovation du secteur, dans le but de parvenir à une croissance durable du secteur maritime international. C’est dans cet esprit que j’exprime ma sincère gratitude à l’IMPA pour ses contributions essentielles aux travaux de l’OMI au cours des cinq dernières décennies, en tant qu’organisation non gouvernementale dotée d’un statut consultatif depuis 1973, marquant aujourd’hui 50 années impressionnantes de collaboration.

« Peu de secteurs du transport maritime dépendent autant de l’élément humain que le pilotage, et je suis heureux de dire que l’OMI a identifié des domaines dans lesquels ses résolutions encouragent le recours à des pilotes à bord des navires et a récemment adopté une nouvelle orientation stratégique visant à reconnaître l’importance de l’élément humain, ce qui donne une importance accrue aux personnes impliquées dans l’industrie du transport maritime. L’OMI a donc élaboré des recommandations sur les qualifications de formation et les procédures opérationnelles des pilotes, ainsi que des exigences pour faciliter leur embarquement à bord des navires.

« Alors que nous envisageons l’avenir du transport maritime, nous devons veiller à ce que notre cadre réglementaire évolue au rythme des avancées technologiques. Cela comprend la numérisation, l’automatisation, la navigation électronique et la cybersécurité. »

Lutte contre le changement climatique

M. Lim a déclaré qu’une autre préoccupation politique majeure était « notre engagement indéfectible à lutter contre le changement climatique. Le leadership de l’OMI dans la décarbonisation du transport maritime est primordial. Au cours de la dernière décennie, nous avons réalisé des progrès substantiels dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport maritime international ».

« L’adoption récente, en juillet dernier, de la Stratégie 2023 de réduction des émissions de gaz à effet de serre des navires est une réalisation majeure de ce parcours. Cette stratégie fixe un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, soit un tournant dans la décarbonisation du transport maritime.

« Mais ce n’est qu’un début. Pour atteindre l’objectif zéro émission nette, nous devons mettre en œuvre des mesures globales conformément au calendrier convenu. »

Le capitaine Arseneault sur le pilotage vers l’avenir

De son côté, le capitaine Alain Arseneault, directeur général du Centre national d’expertise en pilotage maritime de Québec et également vice-président de l’APMC pour la région du Saint-Laurent, a abordé un large éventail de sujets dans sa présentation intituléePiloter vers le futurNone

Les quelque 450 pilotes brevetés du Canada qui montent à bord des navires pour contribuer au transport sécuritaire et efficace des marchandises sur les voies navigables canadiennes sont très impliqués dans cet avenir, a-t-il déclaré. Dans le contexte de l’objectif de l’OMI de réduire les émissions de CO2 du transport maritime, il est aujourd’hui plus que jamais essentiel d’acheminer les marchandises le plus près possible des marchés. Le transport maritime est le mode de transport de marchandises le plus économe en énergie.

Reprenant les propos tenus précédemment par M. Lim, le capitaine Arseneault a rappelé comment les pilotes canadiens ont participé activement au développement de nouvelles technologies et à l’établissement de nouvelles normes et réglementations pour ces nouvelles technologies.

À cet égard, il a souligné le fait que 2024 marquera le 50èmeanniversaire de la convention SOLAS de l’OMI et a mis en avant le chapitre 5 consacré à la sécurité de la navigation.

Grâce au Plan de protection des océans, a-t-il déclaré, le Canada, en tant que nation maritime, cherche à être à l’avant-garde des nouvelles technologies afin que la navigation puisse être « plus respectueuse des écosystèmes marins ».

Le Centre national et ses partenaires pilotes offrent un soutien technique apprécié à diverses organisations travaillant sur différents projets liés au Plan de protection des océans.

Le capitaine Arseneault estime que ce n’est pas une coïncidence si l’IMPA a été dirigée par deux pilotes canadiens pendant 40 % de son existence.

« Les pilotes canadiens sont reconnus à l’échelle internationale pour de nombreuses raisons, a-t-il déclaré. La première est que le système de pilotage canadien fonctionne très bien depuis sa création, tel que nous le connaissons depuis 1972. Il suffit de regarder le taux de réussite des missions de pilotage pour constater que les chiffres parlent d’eux-mêmes. »

Aider à obtenir une licence sociale

Après avoir donné des exemples de pilotes canadiens sollicités dans de nombreux forums internationaux et nationaux, le capitaine Arseneault a souligné le rôle que le pilotage peut jouer dans l’obtention d’une licence sociale pour des projets majeurs.

« Les pilotes ont toujours contribué à renforcer la confiance du public dans la sécurité de la navigation », a-t-il déclaré. « Par exemple, le service de navette Valero-Desgagnés pour le transport du pétrole brut sur le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Montréal a grandement bénéficié de la présence des pilotes du Saint-Laurent central pendant la période de consultation qui a mené au projet. On pourrait également soutenir que les pilotes côtiers de la Colombie-Britannique jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’acceptabilité sociale dans le secteur de Second Narrows à Vancouver. »

Des mots sinistres sur l’escalade des problèmes mondiaux

Le Dr Alex Himelfarb, directeur émérite de l’École de politique publique et internationale de l’Université York, a clôturé le colloque en évoquant sans détour les nombreux enjeux sociétaux, géopolitiques et économiques auxquels est confronté ce qu’il appelle « un monde à l’envers aujourd’hui ».

Pour définir la perspective générale, le Dr Himelfarb a utilisé un terme inventé par le célèbre philosophe et sociologue français Edgar Morin :Polycrise. Ce dernier terme désigne un grand nombre de crises liées entre elles qui se produisent simultanément. Leurs effets cumulés sont non seulement profonds, mais peuvent aussi être perçus comme accablants et insolubles.

Il a posé des questions telles que : comment gérer la mondialisation de manière judicieuse pour qu’elle survive ? Comment construire un consensus lorsque les intérêts concurrents et le manque de confiance découragent cette coopération ? Idem pour la protection de l’environnement et le changement climatique.

« Il y a une anxiété généralisée et des inquiétudes quotidiennes quant à la crise sur laquelle se concentrer », a ajouté le Dr Himelfarb. « Qu’avons-nous construit et que laissons-nous à nos enfants ? Il faut arrêter de diaboliser les gens qui ne sont pas d’accord avec nous. »

Sur un ton plus optimiste, il a conclu que le Canada avait déjà démontré par le passé qu’on pouvait lui faire confiance pour négocier des accords. Et dans certaines circonstances, « les pilotes canadiens peuvent jouer un rôle disproportionné dans la construction de ponts ».

(Photos de Sophie Belina Brzozowska de Kitack Lim et du capitaine Simon Pelletier (de gauche à droite sur la photo principale) du capitaine Alain Arseneault et du Dr Himelfarb)

 

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