Dans une nouvelle action collective suscitant la « profonde inquiétude » de l’Administration portuaire de Montréal (APM), le syndicat représentant 1 200 débardeurs du port de Montréal a lancé aujourd’hui une « grève illimitée » visant uniquement Termont, qui exploite deux terminaux, soit 40 % du fret conteneurisé au deuxième plus grand port à conteneurs du Canada après Vancouver.
Comme ce fut le cas d’un arrêt de travail de trois jours plus tôt ce mois-ci, l’action de mise en place affectera les terminaux Viau et Maisonneuve de Termont qui emploient quelque 300 débardeurs notamment chargés d’importantes affaires contractuelles avec la Compagnie maritime méditerranéenne.
Cela fait suite à une grève de 24 heures organisée dimanche dernier par la section locale 375 du syndicat SCFP. Il y a également un boycottage continu des heures supplémentaires depuis le 10 octobre, car les négociations sont restées dans l’impasse.
Il est impératif que les parties s’entendent », a déclaré Julie Gascon, présidente-directrice générale du port de Montréal. « Ce nouvel arrêt de travail aux terminaux Viau et Maisonneuve, au cœur même de notre chaîne d’approvisionnement, ne peut qu’avoir un impact profondément négatif sur des milliers d’entreprises locales ainsi que sur l’économie du Québec et du Canada dans son ensemble.
« Cette fermeture touche la moitié de nos terminaux à conteneurs internationaux et accroît un climat d’incertitude qui mine la fiabilité et l’image de notre secteur logistique, des éléments clés de la confiance que les entreprises accordent à l’écosystème du Grand Montréal.
« Face à ces défis, notre détermination à trouver une solution rapide et durable est plus urgente que jamais. Nous sommes tous conscients de l’importance des opérations du port de Montréal et du rôle essentiel qu’elles jouent non seulement pour le Québec, mais aussi pour le reste du Canada. La nécessité de parvenir rapidement à une entente est aiguë et ne peut être ignorée. »
Avec une capacité de manutention de conteneurs importante paralysée par cet arrêt de travail, les navires et les trains sont déjà obligés de choisir d’autres itinéraires, a déclaré l’Administration portuaire de Montréal (APM).
Principales répercussions sur les opérations portuaires et l’économie
« À l’heure actuelle, la grève des heures supplémentaires lancée il y a deux semaines a déjà causé un arriéré de conteneurs sur le site (dont des centaines de conteneurs réfrigérés transportant des produits médicaux, pharmaceutiques et alimentaires), ainsi qu’une perte de productivité. Entraînant l’annulation de plusieurs convois de trains en partance », a indiqué la MPA.
Il a poursuivi : « L’arrêt de travail en cours aux terminaux Viau et Maisonneuve paralyse 40 % de la capacité totale de manutention des conteneurs à un moment crucial où les marchandises, notamment celles pour la période des Fêtes, sont actuellement attendues au port de Montréal. Sur les cinq porte-conteneurs d’une capacité totale de 18 000 EVP (unités équivalentes 20 pieds) à destination de Montréal, y compris des conteneurs de marchandises essentielles (produits médicaux et pharmaceutiques), certains ont déjà fait demi-tour vers d’autres ports en raison de ce qui se passe actuellement. Sur les 26 porte-conteneurs qui devraient arriver aux terminaux de Viau ou De Maisonneuve au cours des trois prochaines semaines, il est probable que beaucoup d’autres navires pourraient aussi changer leur port de destination. »
Plus tôt cette semaine, le porte-parole du syndicat, Michel Murray, a dénoncé Termont pour avoir modifié les horaires de manière punitive. Il a laissé entendre que ce n’était pas le cas de Montreal Gateway Terminals, le plus grand exploitant de conteneurs du port.
« Termont provoque les travailleurs des débarcadères et leurs locaux en utilisant des horaires qui ont un impact négatif sur l’équilibre travail-vie personnelle », a-t-il déclaré, ajoutant : « Si nous parvenons à une entente permanente sur cette question, nous pourrions éviter une grève prévue pour le 31 octobre. Réglons les problèmes liés aux horaires de travail, et je suis convaincu que nous pourrons régler le reste. »
La convention collective actuelle a expiré le 31 décembre 2023.
En réponse aux derniers développements dans le conflit du travail a quai, la Maritime Employers Association (MEA) a déploré la nouvelle grève illimitée qui a spécifiquement paralysé les deux terminaux exploités par Termont à 11:00 a.m. aujourd’hui.
« La MEA ne peut pas donner suite à la demande du Syndicat de modifier les heures de travail sans négociations officielles. Les horaires utilisés sur les différents quais — quart et relais — remis en question par le Syndicat ces derniers jours, sont inscrits dans la convention collective en vigueur et ne peuvent servir de monnaie d’échange pour une grève visant un seul opérateur, comme c’est le cas aujourd’hui. »
Calendrier avec tendance à la baisse du marché
Le groupe des employeurs maritimes poursuit : « L’AEM est touchée par une baisse de volume au port de Montréal depuis plusieurs mois déjà, ce qui l’oblige à faire quelques coupes au sein de l’organisation. Il continue à examiner régulièrement sa situation. Il faudra peut-être prendre des décisions difficiles, mais nécessaires pour faire face aux nombreux impacts de cette nouvelle grève. Selon les données du port de Montréal, le marché est déjà en baisse de 30 % par rapport à 2022. »
La MEA réitère sa demande « que le ministre fédéral du Travail intervienne pour ramener les parties à la table des négociations afin de mettre fin à ce conflit qui touche nos clients, nos partenaires et leur confiance dans le port de Montréal ».
Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, a récemment proposé la nomination d’un nouveau modérateur spécial pour que les parties reprennent les négociations sans lock-out ni grève pendant 90 jours. Mais cette offre a été rejetée par les deux parties.
(Photos du syndicat CUPE 375 et du port de Montréal)