Le grondement des navires, les explosions sismiques assourdissantes de l’exploration pétrolière et gazière et le rugissement de la construction maritime et de l’expansion portuaire continuent d’augmenter le volume dans nos océans. Les efforts du Canada pour protéger la vie marine des effets néfastes de la pollution sonore sous-marine n’ont pas suivi le rythme. La version préliminaire de la Stratégie sur le bruit en mer — annoncée en 2016, promise pour 2021 et finalement publiée par le gouvernement fédéral la semaine dernière — est un pas important vers l’avant, selon le WWF-Canada.
Mais il affirme que les recommandations provisoires ne contiennent pas d’orientation claire sur la façon dont le Canada déterminera, mettra en œuvre et appliquera des éléments essentiels comme les seuils et limites de bruit, les objectifs de bruit par région et l’examen réglementaire.
Le bruit marin provenant de la navigation et d’autres activités industrielles noient les sons naturels dont dépendent les espèces marines pour communiquer, naviguer, nourrir et prendre soin de leurs jeunes, ce qui entraîne du stress, des déplacements, des blessures et des échouages mortels de baleines et des collisions avec des navires. Cette ébauche de stratégie fournit une feuille de route indispensable pour commencer à remédier à ces répercussions en comblant les lacunes dans les connaissances, en normalisant les méthodes de recherche et de surveillance, en favorisant les technologies novatrices et en établissant un cadre de gestion fédéral clair et transparent.
Dirigée par Pêches et Océans Canada (MPO), avec la participation des peuples autochtones, des intervenants de l’industrie, de divers partenaires et d’autres ministères et organismes fédéraux, la version préliminaire de la stratégie s’appuie sur les travaux en cours à l’échelle du Canada. Le 23 août, Pêches et Océans Canada a lancé une période de consultation publique de 60 jours pour recueillir les commentaires du public.
« Le processus de consultation commence maintenant, ce qui donne aux Canadiens l’occasion de défendre ce que nous voulons voir dans la stratégie au nom des baleines et d’autres espèces marines sauvages qui ne peuvent pas être protégées », a déclaré le WWF-Canada.
« WWF-Canada se réjouit à l’idée de fournir des commentaires sur le projet de stratégie sur le bruit océanique au cours de la consultation et continuera, comme nous l’avons fait au cours des trois dernières années, d’appeler à la publication rapide et à la mise en œuvre d’une stratégie finale solide et axée sur l’action qui :
- Établit des limites de bruit pour les activités que nous savons déjà avoir un effet négatif sur les paysages sonores. Ces limites devraient être fondées sur des seuils biologiques (le bruit peut être supporté par différentes espèces sans effets néfastes) et sur les connaissances locales et autochtones.
- Adopte une approche par région qui fixe des objectifs de réduction du bruit dans les régions où le bruit est trop fort, comme la côte sud de la Colombie-Britannique et la voie maritime du Saint-Laurent, et établit des limites de bruit dans les régions historiquement calmes, mais en développement rapide, comme l’Arctique. Le Canada devrait également établir et mettre en œuvre des cibles de réduction du bruit et des limites pour les zones océaniques protégées et conservées ainsi que pour les habitats clés des espèces en péril.
- Encourage le développement et l’adoption de technologies plus silencieuses tout en mettant immédiatement en œuvre des mesures opérationnelles qui réduisent le bruit, comme les ralentissements des navires dans les zones océaniques protégées et conservées.
- Enchâsse les règlements pour la surveillance continue des niveaux de bruit et l’application des limites de bruit et des objectifs de réduction.
« Ce processus, qui passe de l’ébauche à la mise en œuvre, ne se fera toutefois pas assez rapidement pour protéger les espèces marines menacées. WWF-Canada exhorte le gouvernement fédéral à prendre des mesures immédiates pour atténuer les répercussions croissantes de la pollution sonore sous-marine dans l’intervalle. »
Kristen Powell, spécialiste de la conservation marine et du transport maritime au WWF-Canada, déclare : « Les mammifères marins emblématiques et en voie de disparition du Canada, notamment les épaulards résidents du Sud, le narval, le béluga du Saint-Laurent et la baleine franche de l’Atlantique Nord, sont soumis à une pression croissante en raison du bruit sous-marin, et nos océans ne font que s’élever au fil des ans. Les espèces marines en péril ont besoin d’une stratégie solide sur le bruit dans les océans qui utilise et développe les connaissances, les outils réglementaires et les engagements de conservation des Autochtones et du Canada pour réduire de façon mesurable la pollution sonore sous-marine. Nous devons établir des seuils de bruit fondés sur les limites biologiques, des cibles basées sur la zone pour les paysages sonores bruyants et silencieux, et une surveillance normalisée appuyée par l’application réglementaire. Faisons les choses bien, avant qu’il ne soit trop tard. »
(Dreamstime photo de baleine à bosse)