Par Leo Ryan, rédacteur en chef
Le syndicat représentant plus de 1 100 travailleurs du débardage au port de Montréal a signifié qu’il se mettra en grève pendant 40 heures à compter de 15 h le jeudi 2 juillet contre les deux terminaux de Montreal Gateway Terminals Partnership (MGT), le plus grand exploitant de conteneurs sur la côte est du Canada. Les terminaux Racine et Cast de MGT représentent plus de la moitié du fret conteneurisé total de Montréal, soit 1,7 million d’EVP. Dix-sept autres terminaux de fret général et de vrac au port de Montréal ne devraient pas être touchés.
La grève de la section locale 375 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) fait suite à la décision rendue le 9 juin par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) rejetant la demande de l’Association des employeurs maritimes (AEM) de désigner les services portuaires comme des «services essentiels» qui ne peut être interrompu par une grève ou un lock-out. Cela survient alors que Montréal, comme de nombreux autres ports du monde, ressent les retombées en termes de baisse du fret de la pandémie de COVID-19.
Les négociations ont repris après la décision du CCRI afin de conclure une nouvelle convention collective remplaçant un contrat de six ans qui a expiré le 31 décembre 2018. À plusieurs reprises, le syndicat des débardeurs a voté à une large majorité pour déclencher une grève – mais s’est retenu jusqu’à présent. Les conditions de travail seraient un problème majeur qui a bloqué les négociations prolongées.
Dans un communiqué, Tony Boemi, vice-président de la croissance et du développement du port de Montréal, a déclaré: «Ces tactiques de pression, exercées par le Syndicat des débardeurs, dureront 40 heures. Par conséquent, le port de Montréal et ses partenaires s’attendent à pouvoir reprendre leurs activités dès le samedi 4 juillet à 7 h. Des efforts seront faits pour compenser les retards qui seront causés par cette situation exceptionnelle. »
L’Administration portuaire de Montréal dit qu’elle surveille la situation et a exprimé l’espoir que l’employeur des débardeurs, l’Association des employeurs maritimes et le Syndicat pourront conclure rapidement une entente.
Le dernier conflit de travail au bord de l’eau à frapper Montréal a eu lieu lorsque les employeurs ont mis des débardeurs en lock-out pendant plusieurs jours en juillet 2010, incitant certains transporteurs maritimes à détourner provisoirement des navires vers Halifax.
L’AEM a exprimé sa forte déception face à la décision de grève du syndicat. «Alors que les négociations contractuelles avec le SCFP 375 se déroulent bien, l’Association des employeurs maritimes a été non seulement surprise, mais déçue par la décision du comité exécutif du syndicat des débardeurs de poursuivre des tactiques de pression contre deux terminaux du port de Montréal. Un avis de grève de 72 heures qui a été présenté hier a informé l’opérateur du terminal qu’une tactique de grève débutera du jeudi 2 juillet de 15 h 00 au samedi 0659. »
L’AEM a souligné qu’elle «continue de croire au processus actuel de négociations et souhaite parvenir à un accord qui sera mutuellement bénéfique. La décision du comité exécutif oblige désormais l’Association à envisager différentes options possibles, même si la négociation reste l’option privilégiée. Des informations détaillées seront partagées avec nos partenaires dans les prochains jours. »
Dans sa décision, le CCRI a conclu que «les risques imminents et graves pour la santé et la sécurité du public» en cas de grève n’avaient pas été démontrés par les employeurs du port. Il a affirmé qu’il existait d’autres alternatives de transport de fret telles que les chemins de fer, les camions et les avions en cas de grève des débardeurs.
Tout en reconnaissant qu’une grève affectant les opérations portuaires aurait des répercussions économiques, le CCRI a déclaré que le droit de grève est protégé par le Code du travail. (photo MPA)