Après que près de 1 200 travailleurs du port ont rejeté une « offre finale » des employeurs, l’Association des employeurs maritimes a lancé sa menace de lock-out dimanche soir, entraînant un arrêt total du trafic dans le deuxième plus grand port du Canada. Julie Gascon, présidente et chef de la direction de l’Administration portuaire de Montréal, a mis en garde aujourd’hui contre les conséquences économiques d’un conflit prolongé pour Montréal, le Québec et tout le Canada.
« Ce lock-out touche non seulement les 1 200 débardeurs directement touchés par l’arrêt de travail, mais il touche également plus de 10 000 travailleurs du secteur de la logistique, des camionneurs et employés des chemins de fer aux agents maritimes et aux pilotes », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
« Les emplois dans la logistique sont les premiers touchés, ce qui déclenche inévitablement un effet domino sur l’ensemble de l’économie des marchés que nous desservons. »
Selon Mme Gascon, chaque jour de conflit pousse les navires plus loin des quais canadiens et met en péril les emplois et les revenus des entreprises. Les rapports indiquent que les compagnies maritimes détournent déjà leurs navires, vers d’autres ports de la côte est, et le PDG de l’APM s’inquiète de la réputation du Canada en matière de chaîne d’approvisionnement comme destination fiable pour le transport des marchandises en Amérique du Nord.
Mme Gascon souligne que lorsque la chaîne d’approvisionnement est perturbée, les petites et grandes entreprises qui dépendent de l’importation et de l’exportation de biens sont forcées de trouver des solutions de rechange souvent plus coûteuses ou tout simplement inexistantes.
Marc Cadieux, président de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), a souligné que ce conflit touche non seulement le transport maritime, mais aussi directement le transport terrestre et les centaines d’emplois qui y sont associés.
« Près de 2 000 camions transitent par le port de Montréal chaque jour. Le gel de ses activités aura un impact immédiat sur de nombreux transporteurs qui pourraient devoir envisager des mises à pied. L’ACQ exhorte les parties prenantes responsables à trouver une solution pour relancer les activités commerciales à ce point crucial du commerce mondial le plus tôt possible et éviter de compromettre notre réputation sur la scène internationale », a-t-il déclaré.
Les travailleurs n’ont pas signé de convention collective depuis le 31 décembre 2023. Le syndicat SCFP 375 a indiqué qu’il accepterait les mêmes augmentations salariales que celles accordées à ses homologues d’Halifax ou de Vancouver, soit 20 % sur quatre ans. Mais les problèmes de planification et d’équilibre entre le travail et la vie personnelle sont devenus des enjeux majeurs.
Les services ferroviaires à destination et en provenance de Montréal ont été suspendus depuis la semaine dernière. Le dernier résumé des navires amarrés et prévus montre 15 navires à quai qui attendent encore d’être chargés ou déchargés et 17 navires attendus entre maintenant et le 17 novembre).
Sur la côte ouest, les employeurs et le syndicat représentant 730 contremaîtres sont également dans une impasse dans un conflit de travail où les travailleurs portuaires sont aussi exclus. Cela a paralysé le trafic de conteneurs aux terminaux de Vancouver et de Prince Rupert. La perturbation et la congestion de la chaîne d’approvisionnement augmentent, avec environ 70 navires au mouillage dans la région du port de Vancouver et 75 autres prévus dans les 30 prochains jours.
Pascal Chan, directeur principal des transports, de l’infrastructure et de la construction à la Chambre de commerce du Canada, calcule que les arrêts de travail combinés ont un impact sur le flux de marchandises d’une valeur de 1,2 milliard de dollars chaque jour. « Nous avons besoin d’un gouvernement qui fasse preuve de leadership et qui mette les travailleurs et les entreprises canadiens au premier plan en mettant fin à ces différends et en rétablissant le flux des marchandises le plus rapidement possible », a déclaré M. Chan.
(Photo du port de Montréal)
(Crédit Photo ldlrenaud@scfp.ca )