Alors que la grève des débardeurs sur la côte ouest du Canada entre dans sa quatrième journée, les négociations entre les employeurs des Maritimes et le syndicat des débardeurs sont complètement interrompues – avec une guerre de mots des deux côtés accusant l’autre d’être déraisonnable. Les expéditeurs se préparent à un long conflit qui pourrait avoir un effet important sur la chaîne d’approvisionnement nationale étant donné que les 29 ports de la Colombie-Britannique, ancrés à Vancouver et à Prince Rupert, représentent environ le quart du commerce extérieur du Canada.
L’industrie minière d’aujourd’hui s’est jointe aux messages de détresse des secteurs de la fabrication, de la vente au détail et de l’agroalimentaire pour demander une intervention fédérale immédiate qui pourrait inclure une loi de retour au travail. Cette dernière exigerait que la Chambre des communes soit rappelée après les vacances annuelles, et jusqu’à présent, le gouvernement Trudeau a maintenu sa position de permettre au processus de négociation collective d’exercer son mandat.
« Les ports de la Colombie-Britannique jouent un rôle essentiel dans la chaîne d’approvisionnement minière du Canada, servant de plaque tournante pour le transport des minéraux et des métaux essentiels aux entreprises, tant au pays qu’à l’étranger. » Pierre Gratton, président-directeur général de l’Association minière du Canada. « La réputation du Canada en tant que producteur fiable de ces matériaux est remise en question si nous ne pouvons pas compter sur nos réseaux de transport pour les acheminer vers les marchés. »
L’exploitation minière est l’un des principaux utilisateurs des ports du Canada et constitue le plus important secteur de transport maritime, tant par rail que par voie maritime. La majeure partie de ce volume de production est expédiée à des clients internationaux, représentant ensemble 22 % (ou 127 milliards de dollars) de la valeur totale des exportations du Canada en 2021, et contribue de façon constante à la balance commerciale du Canada.
Les pourparlers entre la BC Maritime Employers Association (BCMEA) et l’International Warehouse and Longshore Union Canada se sont effondrés tard lundi, et les deux parties ont rapidement publié des déclarations de récrimination mutuelle.
La BCMEA a déclaré : « ILWU Canada n’a laissé aucun autre moyen de conclure une entente. La BCMEA est allée aussi loin que possible sur les questions fondamentales. »
L’association des employeurs a notamment affirmé que le syndicat tente d’élargir sa portée et de redéfinir le travail d’entretien régulier avec un poste qui entraînerait « des répercussions immédiates et importantes sur les opérations des terminaux ». Il a qualifié les demandes d’indemnisation de « déraisonnables », affirmant que le syndicat a déclenché une grève pour des demandes qui « ne relèvent pas d’un cadre raisonnable de règlement ».
« La BCMEA est d’avis que la poursuite des négociations à l’heure actuelle ne produira pas de convention collective », a déclaré l’association des employeurs dans la déclaration publiée lundi. « ILWU Canada doit décider si elle va poursuivre cette grève sans espoir de règlement, ou modifier considérablement sa position afin de parvenir à un accord juste et équilibré. »
La déclaration de la BCMEA poursuit ainsi : « Les employeurs membres de la BCMEA sont fiers d’offrir aux débardeurs de la Colombie-Britannique des emplois bien rémunérés qui soutiennent leur famille. Pour mettre les choses en contexte, en 2022, le salaire médian d’un débardeur de l’ILWU Union en Colombie-Britannique était de 136 000 $ par année, plus les avantages sociaux et la pension. Au cours des 13 dernières années, les salaires des débardeurs ont augmenté de 40%, avant l’inflation, à 30%. Les salaires des membres d’ILWU Canada ont augmenté d’environ 10 % au cours des trois dernières années depuis le début de la pandémie de COVID-19. »
En ce qui concerne la question des travaux d’entretien, le président d’ILWU Canada, Rob Ashton, a déclaré que ILWU Canada se concentre sur l’arrêt de « l’érosion de la juridiction » et le recours généralisé aux entrepreneurs.
« Quand nous avons finalement eu un document qui a été largement accepté comme le résultat d’un mouvement continu par le syndicat sur cette seule position l’association a décidé de changer leur position dans une tentative de brouiller l’eau et de déformer le travail, nous avons passé des mois à discuter, » dit M. Ashton.
« Nous implorons la BCMEA de revenir à la table pour parvenir à un accord juste et raisonnable que les parties négocient ensemble », a souligné M. Ashton, ajoutant : « Il est irréaliste de penser qu’une convention collective imposée assurera la stabilité à long terme de l’industrie. Les parties doivent faire de leur mieux pour le pays tout entier et non seulement pour leurs objectifs individuels. »
(Photo des débardeurs en grève à Deltaport par ILWU Canada)