C’est demain que débute la saison du transport maritime sur les Grands Lacs et la voie Maritime du Saint-Laurent. Pour cette raison, il est important de souligner que cette industrie représente le moyen le plus efficace, le plus rentable et le plus durable lorsqu’on doit transporter des marchandises, alors qu’il réduit de 558 pour cent les émissions de gaz à effet de serre par rapport au camionnage tout en transportant en une saison autant de marchandises que 7,1 millions de camions. Ce mode de transport entraîne également la création de 66,1 milliards de dollars d’activité économique à la grandeur de l’Amérique du Nord et de près de 360 000 emplois en plus de déplacer 252 millions de tonnes de denrées essentielles qui occupent une place vitale lorsqu’il s’agit de maintenir notre niveau de vie.
Pour vraiment tirer parti de ces avantages de manière à consolider nos chaînes d’approvisionnement, favoriser la croissance économique et atteindre nos objectifs en matière de protection de l’environnement, l’industrie du transport maritime doit pouvoir compter sur un partenariat continu avec les gouvernements fédéraux. Ceci étant dit, la Chambre de commerce maritime (CCM) annonce sa liste de souhaits en matière de politiques et de règlements pour 2024. Entre autres :
- On souhaite que le Canada suive le rythme des investissements américains dans les infrastructures et que les gouvernements priorisent le transport maritime sur les Grands Lacs et la voie Maritime :
Au cours des dernières années, le gouvernement des États-Unis a annoncé un financement sans précédent destiné aux infrastructures, incluant les ports et les voies navigables, mais le gouvernement du Canada n’a pas emboîté le pas. Par exemple, le gouvernement américain a récemment annoncé un investissement de 653 millions de dollars dans 41 projets d’amélioration des ports du pays en vertu de son programme de développement des infrastructures portuaires – un programme visant précisément à mettre en valeur ses infrastructures maritimes essentielles. Au Canada, pendant ce temps, un des principaux moteurs d’investissement dans les infrastructures maritimes a été le Fonds national des corridors commerciaux, qui est en réalité un fonds général de tous les genres de projets nationaux qu’on a surexploité et dans lequel on doit présentement réinvestir. Si cette disparité des sommes investies dans les infrastructures maritimes de l’autre côté de la frontière se poursuit, le Canada risquerait de perdre des occasions d’affaires et pourrait devoir composer avec des inconvénients sur le plan commercial, alors que sa chaîne d’approvisionnement s’en trouverait affaiblie et le pays serait incapable d’atteindre ses cibles en matière d’émissions de carbone.
Sachant cela, la Chambre de commerce maritime demande au gouvernement du Canada à tout le moins d’augmenter le Fonds national des corridors commerciaux et d’y investir de nouvelles sommes, en plus de redéfinir les navires commerciaux du Canada comme étant des infrastructures favorables au commerce afin de permettre l’accès au Fonds. La Chambre demande également au gouvernement américain d’assurer qu’on accorde la priorité aux ports sur les Grands Lacs au cours des prochaines années lorsque vient le temps d’attribuer le financement national destiné aux infrastructures maritimes pour s’assurer que ces dépenses produisent l’effet souhaité sur le plan de la mise en valeur économique et environnementale.
La Chambre de commerce maritime demande également au gouvernement du Canada d’accroître le financement destiné au Programme de corridors maritimes verts qu’on a récemment mis sur pied pour attirer de nouveaux investissements dans les technologies capables de réduire l’empreinte environnementale du transport maritime. Ce fonds a été créé dans le budget de 2023, mais il présente un budget de 165,4 millions de dollars réparti sur sept ans. Alors que les exploitants de navires et les ports ont déjà investi des dizaines de millions de dollars dans des initiatives, dont le recours à des carburants alternatifs et l’électrification, la CCM s’attend à ce que le fonds soit épuisé rapidement et, pour cette raison, elle demande au gouvernement d’augmenter le niveau de ses ambitions pour l’adapter à notre industrie.
- On souhaite s’attaquer aux obstacles que le gouvernement a créés et qui nuisent au commerce et à la compétitivité :
On constate à l’heure actuelle différents obstacles qui nuisent au commerce et à la chaîne d’approvisionnement et qu’on attribue aux mesures que le gouvernement du Canada a prises, mais qu’il pourrait corriger rapidement en collaborant davantage.
- Parmi les exemples les plus frappants, mentionnons ;
Les mesures que Transports Canada a prises en matière de pilotage – Les propositions que Transports Canada a récemment mises de l’avant dans le domaine du pilotage menacent les chaînes d’approvisionnement et le coût de la vie partout au Canada. Il est important de préciser que la navigation sur les eaux des Grands Lacs et du Saint-Laurent doit être confiée à des pilotes agréés ou autorisés à bord des navires dans certains ports et sur certaines voies navigables, de sorte que la disponibilité de ces professionnels capables d’assumer ces tâches occupe une place essentielle dans le mouvement des marchandises. Transports Canada propose un nouveau programme national de certification et de formation qui sera bien plus complexe, bureaucratique et coûteux et moins efficace que le programme de certification de pilotage couronné de succès et de formation à bord des navires qu’on retrouve déjà dans la région des Grands Lacs – un programme dont le bilan en matière de sécurité est exemplaire. La paperasse additionnelle fera en sorte que le nombre de professionnels certifiés disponibles dans l’industrie maritime diminuera, ce qui pourrait réduire les mouvements de navires et entraîner ultimement une augmentation des coûts que tous devront assumer.
- Ressources de l’Agence des services frontaliers du Canada :
- À l’heure actuelle, le nombre insuffisant d’employés et le manque à gagner des investissements dans les ressources douanières afin de réaliser le mandat de l’Agence ont nettement pour effet de limiter le commerce et d’augmenter les coûts. La Chambre de commerce maritime demande que le gouvernement du Canada consacre à l’ASFC des sommes suffisantes pour assurer le mouvement et le dédouanement efficaces des marchandises sur les Grands Lacs.
- On souhaite que le perfectionnement de la main-d’œuvre dans le domaine maritime bénéficie d’un soutien :
- 43 % de la main-d’œuvre maritime au Canada devrait partir pour la retraite au cours de la prochaine décennie, de sorte qu’on devra doter au cours de cette période le nombre estimé de 19 000 postes à bord des navires canadiens. Cette réalité vient souligner nos préoccupations en ce qui concerne la robustesse de la chaîne d’approvisionnement, mais également une possibilité intéressante en ce qui a trait à la possibilité de carrières excitantes pour les Canadiens.
La Chambre de commerce maritime demande l’aide du gouvernement du Canada dans le cadre des initiatives de perfectionnement de la main-d’œuvre, donc plus précisément :
- Reconnaître les gens de mer comme étant des personnes qui pratiquent un métier spécialisé et les rendre admissibles au financement d’Emploi et Développement social Canada :
- Prévoir au sein de Transports Canada un financement permettant de créer un Fonds de formation pour le pilotage qui permettrait de former et de certifier les capitaines et les pilotes récemment embauchés; et
- s’attaquer aux obstacles entourant l’obtention du certificat de compétences pour les étudiants étrangers en stage. À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada refuse d’accorder les certificats de compétences nécessaires suite à la formation de sécurité et la formation initiale à bord des navires-citernes qui permettraient aux ressortissants étrangers de travailler en mer. Si les cadets ne peuvent obtenir la certification, ils pourraient être incapables d’accumuler le temps obligatoire en mer, ce qui désavantagerait ainsi les institutions canadiennes qui donnent la formation de cadet aux ressortissants étrangers en plus de compromettre la disponibilité de nouveaux talents.
Bruce R. Burrows, président et directeur général, Chambre de commerce maritime, déclare :
« Nous assistons partout sur la planète à l’adoption rapide de nouvelles technologies, comme l’IA, la recherche de carburants alternatifs, ainsi que l’élaboration de lois et de règlements axés sur la réalité maritime par les gouvernements afin de pouvoir ainsi renforcer les chaînes d’approvisionnement et créer un avenir plus durable. Les entreprises et les consommateurs de partout en Amérique du Nord pourraient se retrouver à l’avant-plan de ces développements, mais uniquement si nous pouvons compter sur le partenariat continu des gouvernements fédéraux dans les dossiers clés dont nous avons fait mention dans notre liste des souhaits. »
(Photo de Bruce R. Burrows, président et directeur général, Chambre de commerce maritime)